TEMOIGNAGES DE CONTEURS :
L'avis de Praline Gay Para, dans "la lettre de Didier Jeunesse" de juin 2003
"Raconter aux tout petits, quelle histoire..."
Annie KISS est conteuse. Parisienne d'origine bretonne, élevée en Provence, Annie KISS est revenue s'installer à Paris. Après des études artistiques dans diverses disciplines : danse, chant, musique, arts plastiques, théâtre, ateliers d'improvisation, Annie Kiss est devenue bibliothécaire pour la jeunesse, métier qu'elle a exercé de nombreuses années.
Elle parle dans cet article, paru dans la revue " DIRE n°2 " de l'été 1987, de ses séances de contes avec les tout-petits :
" Quand je viens pour raconter dans une crèche, j'essaye de choisir un lieu qui soit familier aux enfants, un lieu calme, intime où il n'y aura pas d'allées et venues. Je m'installe le plus possible à leur hauteur, sur une tout petite chaise. Je suis assise parce que je met des choses sur mes genoux, ils me servent de plancher de scène en quelque sorte… il y a la valise d'où je sors toutes sortes de choses… objets, figures de cartons, marionnettes…
Le premier objet, c'est une flûte à bec… je joue un air… puis je fais des couacs… ça les fait bien rire… ma flûte ne marche plus !… c'est sûrement la sorcière qui m'a joué un tour… on cherche avec les enfants le nom de la sorcière pour la faire apparaître… elle apparaît… je la gronde.. elle réclame des histoires… et on repart sur autre chose. Je retiens leur attention par la variété de ce que je leur montre et les séances peuvent durer jusqu'à ¾ d'heure.
Pour raconter, j'utilise des petits décors, derrière lesquels je fais apparaître des marionnettes à doigts ou des personnages comme Baltazar, l'éléphant vert à qui il arrive plein de trucs rigolos, qui fait surtout des bêtises. Je tiens toujours à utiliser des objets qui soient très beaux, de grande qualité. Il y a une éducation du regard. Je pense que plus les enfants sont petits, plus il faut être exigeant sur ce qu'on leur montre.
Pour les tout-petits, avant 2 ou 3 ans, je ne raconte pas de contes merveilleux. Chez eux, le merveilleux c'est le concret, la réalité. Ils sont trop petits pour avoir conscience du rêve… leur préoccupation, c'est surtout manger, dormir, rire, rater, réussir, tomber, ne pas tomber, la propriété, le territoire… et les bêtises. Ah, les Bêtises…
Je n'utilise pas de livres ni d'albums : je viens en tant que conteuse, mais j'utilise des images (kamishibaï) et les marionnettes… Pour trouver des histoires à raconter, il faut fouiner, regarder les livres d'images, mais rien ne remplace la collecte familiale… demander aux grand-mères, aux grandes-tantes, des jeux, des comptines, des chansons que l'on pourra apprendre patiemment aux tout-petits. Et puis surtout : se laisser aller, improviser, jouer. Dans ce domaine, il y a tellement peu de chose, tout est à inventer. "
Bien qu'Annie Kiss ne soit pas une conteuse spécialisée uniquement dans le secteur de la petite enfance, elle a écrit un autre article en septembre 1994, intitulé "Raconter aux tout petits", dans "La revue des livres pour enfants", éditée par 'La joie par les livres".
Dans cet article, Annie nous explique comment elle s'adresse à ce public aux exigences et aux besoins particuliers.
L'article sur le site de "la joie par les livres"